« Se faire menacer d’être décapitée et violée, cela ne fait partie d’aucun métier »


Magali Berdah, la fondatrice de l’agence d’influenceurs Shauna Events, aux côtés de ses avocats Antonin Gravelin-Rodriguez et Rachel-Flore Pardo, au Palais de justice de Paris, le 10 mai 2023.

« Personne ne mérite de se faire menacer de mort du lever du matin au coucher le soir ; se faire menacer d’être décapitée et violée, cela ne fait partie d’aucun métier. » Le procès des cyberharceleurs de Magali Berdah, poursuivis pour harcèlement et menaces de crime ou de mort, a commencé, lundi 27 novembre, par le témoignage saisissant de cette femme d’affaires d’une quarantaine d’années.

« Tous les jours, c’était une accusation différente », se souvient, devant les magistrats de la 10e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, celle qui est surnommée « la Papesse des influenceurs ». D’abord escroc au compte personnel de formation, ensuite assassin de sa belle-sœur ou mauvaise mère puis enfin « une pute, excusez-moi du terme », dit-elle, des sanglots dans la voix.

Il y a dix-huit mois, des messages malveillants ont commencé à se déverser depuis les réseaux sociaux, principalement Instagram et Twitter, sur cette patronne controversée. Le président du tribunal, Alain Alçufrom, les égraine. « Que ta fille meure », « collabo crève », écrivait par exemple Eva F. « Si t’arrives pas à dormir, suicide-toi », assenait de son côté Francis S. « Tu vas mourir toi et ton nazi de mari », écrivait quant à lui Martin H. Interrogée, Magali Berdah explique avoir dénombré d’abord plusieurs dizaines de milliers de messages venimeux en mai 2022, avant d’arrêter de compter, de guerre lasse, une fois la centaine de milliers atteinte.

« Le plus gros dossier de cyberharcèlement »

Ce flot de haine va nécessiter plusieurs procès. Après cette première audience, huit autres mis en cause seront également jugés pour des faits similaires à la mi-décembre. Avant, enfin, un troisième procès, qui concerne sept prévenus, à la fin du mois de janvier. Soit, avec vingt-huit prévenus (vingt-six hommes et deux femmes), « le plus gros dossier de cyberharcèlement en nombre de mis en cause suivi par la justice française », résume Rachel-Flore Pardo, l’un des trois conseils de Magali Berdah. Ce nombre pourrait d’ailleurs être révisé à la hausse. Seuls les messages malveillants datant de mai à juin 2022 ont donné lieu à des interpellations. Ceux qui ont suivi n’ont pas encore eu de suite judiciaire, « par manque de temps », déplore le ministère public à l’audience.

Dans le procès qui s’est ouvert lundi, treize personnes sont mises en cause. Sur ces douze hommes et une femme, originaires de toute la France et sans lien entre eux, seuls six étaient présents. Mais c’est un autre absent qui s’est fait remarquer à la barre : le rappeur Booba. C’est cette légende du rap français, suivi par 6 millions d’abonnés sur Twitter, qui a lancé au printemps 2022 ses « pirates » – ses fans – contre Magali Berdah, présentée comme la reine de la « manipulation » ou de « l’arnaque » avec son agence d’influenceurs, Shauna Events. Certes, elle doit être jugée dans le courant du mois de décembre pour banqueroute et blanchiment à Nice, mais pour des faits toutefois antérieurs à la création de cette entreprise.

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Catégorie article Politique

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